Norway to get more involved in the Ivorian Peace Process

6 10 2007

On thursday (october 4), Erik Solheim (Norwegian minister for International Development) and Alain Lobognon (special adviser in charge of media and communication for Ivorian Prime Minister Guillaume Soro) met for the first time. This meeting took place during a seminar organised by the Norwegian Council for Africa, in collaboration with Couper Coller.

During the meeting, Alain Lobognon officially asked Erik Solheim and Norway to get more involved in the current Ivorian Peace process. Mister Solheim accepted, provided – he added – that the other political parties in Ivory Coast accept.

We will give you all the details later today.





A deal between victors?

3 10 2007

The Ouagadougou agreement and hopes of peace in Côte d’Ivoire

A SEMINAR IN OSLO, organized by The Norwegian Council for Africa

(A collaboration between Afrika.no and CouperColler)

Speakers:

Erik Solheim, Minister for Development, Norway

Alain Lobognon, Special Advisor to Prime Minister Soro in charge of media and communications (New Forces), Ivory Coast

CouperColler, internet consultant and blogger on politics and media in Ivory Coast, Oslo / Abidjan

Chair: Guro Almås, Director, Norwegian Council for Africa

Time: Thursday October 4, 11:30-13:30

Venue: Human Rights House, Tordenskioldsgate 6b, Oslo

The conflict in Côte d’Ivoire which erupted after an attempted coup d’etat in September 2002, has led to social instability and insecurity for the people and raised concerns about negative effects on regional stability in West Africa. With the country split in two between the government and rebel forces (New Forces), political violence, impunity, and disputes on nationality and voter registration have kept political developments at a stand-still and hampered the preparations for elections .

In March 2007, a peace agreement was signed in Ouagadougou between the two belligerent parties in the Ivorian conflict: the New Forces (ex-rebel-movement) and the government of President Gbagbo. While sceptics point to unresolved issues and the exclusion of the traditional political opposition in the peace deals, most Ivorians are hopeful that the agreement represents a first step towards elections, stability and peace.

– Why is it more likely that the current peace agreement will succeed, where former attempts (Marcoussis, Accra 1 and 2, Pretoria) failed? Will it be possible to organise free and fair elections within the planned schedule of December 2007?

– What are the fundamental causes of the conflict in Côte d’Ivoire, and does the Ouagadougou agreement adequately address them?

– Which role can an external actor like Norway undertake in the peace process, and what are the challenges of such an involvement?

– How does the media coverage of the conflict influence the prospect for a peaceful solution?





Back online

20 09 2007

CouperColler is back online after few weeks off: I took some time off to work for my clients. I will tell you more when I’m back in Oslo.

Right now, I’m at Accra airport, waiting for my flight: the internet café is working fine. The connection here is better than anything I’ve experience the last two weeks in Abidjan. Internet service providers and internet cafe managers limit the bandwidth, in order to have their customers spend more time and more money with them. It’s a complete rip off.

CouperColler est de retard après plusieurs semaines loin du clavier. J’ai passé tout ce temps sur mes clients norvégiens, pour des projets dont je ne parlerai évidemment pas pour éviter la confusion des genres 🙂

Il y a cependant une chose que je traiterai en long et en large dans quelques jours: un rapport sur lequel je travaille depuis quatre mois et qui porte sur la nouvelle stratégie ouest-africaine du gouvernement norvégien. Ce qui me vaut de vous écrire de l’aéroport d’Accra dont le cybercafé a un débit excellent – pas comme à Abidjan où les fournisseurs de services internet et autres gérants de cybers bride la capacité de leur réseau pour que les clients passent plus de temps et dépense plus d’argent chez eux. C’est du vol!

A  demain donc, lorsque je serai de retour à Oslo.

Merci à tous ceux qui ont gardé le contact par mail.





Uranium: not so funky town!

5 08 2007

I watched this Areva commercial many times and didn’t read the name “Niger” once. I just learned that the French company gets 1/3 of its uranium from this poor African country that has finally decided to diversify the pool of clients. Areva’s 40 years of monopoly is ending… just like Françafrique. After the US, words like Niger and yellowcake are now “embarassing” France:

Niger’s President Mamadou Tandja said France’s Areva made payments to army deserters who joined a northern Tuareg-led rebellion, deepening accusations the uranium miner helped finance the uprising.

The president, speaking on national television late on Wednesday, also said it would renegotiate Areva’s pricing contract, which expires this year, so that the poor landlocked West African state could profit more.”

So, if you can’t get the Lipps Inc.’s Funky town track out of your brain, I suggest you replace it with this song by the Norwegian band Röyksopp. Remind me … pure air, clean energy.





Gutenberg’s helpdesk

4 08 2007

I just love this Norwegian video. It’s a joke McLuhan would enjoy, just like I do.





Timing

3 08 2007

En stratégie, le timing est presque tout. Les deux articles sur Gbagbo, publiés dans le Figaro et le Parisien, viennent le rappeler opportunément: quelques jours après la cérémonie officialisant la fin de la guerre dans son pays, et en pleine polémique sur le discours de Sarkozy à Dakar, le président ivoirien vient marquer sa victoire sur la France.

Quant à l’injonction qui sert de titre à l’article du Figaro – “Paris doit cesser de mettre son nez dans les affaires ivoiriennes” -, elle vient opportunément plus d’une semaine après la publication de l’interview de John Bolton. Ce dernier y rappelait son opposition à la manière dont la France s’est ingérée dans les affaires politiques ivoiriennes pendant la durée de son mandat d’ambassadeur des Etats-Unis au Conseil de sécurité de l’ONU.

“Par bien des aspects, je pense que la France et les Européens en général se comportaient comme si la Côte d’Ivoire était encore une colonie. Ils administraient ses affaires, décidaient de qui devaient diriger le pays; en fait, ils décidaient des moindres aspects de la situation politique interne en Côte d’Ivoire.”

Gbabgo fait un clin d’oeil à Bolton en insistant sur le fait que Chirac lui «parlait comme à un sous-préfet français !».

Enfin, l’appel téléphonique de Sarkozy à Gbagbo a fait l’objet d’un communiqué aussi bien de l’Elysée à Paris que du Palais présidentiel à Abidjan. A ceux qui ne l’auraient pas encore compris, cet échange téléphonique indique dans quel sens souffle désormais le vent en Côte d’Ivoire, et qui est désormais maître du temps.

« Il faut cesser d’infantiliser les rapports entre la France et l’Afrique. L’époque d’Houphouët, de Bongo ou d’Eyadema, c’est fini. La France ne peut plus changer les chefs d’Etat africains qui ne lui conviennent pas. Elle ne doit plus mettre son nez dans les affaires de la Côte d’Ivoire ». Et Le Figaro de s’interroger : s’agit-il d’un avertissement à Nicolas Sarkozy qui vient d’effectuer une tournée en Afrique en évitant l’étape ivoirienne ? « Tout le monde est le bienvenu chez nous, mais sans poser de conditions préalables ».





Fela Anikulapo Kuti (1938-1997)

2 08 2007

An artist with a global appeal and a true Panafrican leader, Fela died 10 years ago. The BBC has a good piece that deals with some of his lyrics. People express what they think of the man here.

What are your memories of Fela Kuti?





L’ennemi intime (3): fin?

1 08 2007


Comme promis, voici la dernière partie de mon analyse sur L’Ennemi intime d’Ashis Nandy. ATTENTION: cette version est provisoire et sera revue de fond en comble d’ici ce soir.

Que reste-t-il du colonialisme aujourd’hui, et de quelle manière le confronter sans se laisser circonscrire à l’intérieur des limites fixées par la culture ambiante?

Ce qu’il reste du colonialisme

Principalement trois choses:

– des dividendes politiques, diplomatiques et militaires pour les anciennes puissances comme la france;

– une culture partagée qui fait la part belle au racisme et qui permet, notamment, à des fils d’immigrés venus d’Europe de l’est (Hongrie ou Pologne) de faire la leçon à des Antillais et des Africains qui ont une histoire plus longue avec la France, mais qui ne sont pas blancs;

– un renouvellement constant des stratégies pour adapter le colonialisme aux temps qui changent. Le dernier avatar étant l’alliance de la charité de masse, de la marchandisation du droit-de-l’hommisme et de la célébrité

Moyens et outils pour le combattre

– produire des recherches indiscutables et des écrits pertinents démontrant la permanence de ces dividendes et permettant de déconstruire les idées reçues sur la question;

– produire des images capables de déconstruire les mémoires et les imaginaires issues de cette histoire, tout en parlant du présent (ex: Kara Walker, Yinka Shonibare);

– produire des discours centrés sur l’actualité, mais faisant fi des catégories médiatiques – des sortes d’essais journalistiques comme celui du jeune romancier nigérian (ex: Uzodinma Iweala).

Dans les prochains jours, je reviendrai sur ces deux dernières approches dans des posts distincts. Pour l’heure, je vais me focaliser sur la production en matière conceptuelle et littéraire. Ceci m’amène en effet à prolonger la remarque de notre ami grioonaute au-delà de ce qu’il dit:

Il ne faut certainement pas rester scotché indéfiniment aux paroles de SARKOZY, prophète de la Rupture.

Cependant, pour nous qui sommes en France ou dont le sort est encore influencé par la France (et c’est malheureusement encore le cas d’une grande partie de l’Afrique francophone), les discours de SARKOZY sur l’Afrique ne peuvent être négligés.
(…)
Rien n’interdit effectivement de passer à autre chose.

Cette remarque invite à formuler la question suivante: puisque le colonialisme est vivant et même bien vivant (sous diverses apparences et avatars), sur quel terrain particulier le combattre? Plus précisément: puisqu’il survit en Métropole comme en la postcolonie – notamment sous la forme d’une culture et d’un immaginaire partagés – par où commencer et quel aspect privilégier? Et surtout, comment répondre (ou ignorer) des discours comme ceux de Sarkozy et ses inspirateurs contemporains – anciens néo-philosophes reconvertis en nouveaux négrologues (Alain Finkielkraut, Pascal Bruckner, Stephen Smith et consors)? Ces interrogations légitimes m’amènent à faire le lien entre les penseurs d’hier (notamment Frantz Fanon, Edward Said, Ashis Nandy) et ceux d’aujourd’hui: je pense principalement à Achille Mbembe (qui vit aujourd’hui en Afrique du sud), ainsi qu’à son compatriote Théophile Kouamouo (qui réside depuis des années en Côte d’Ivoire).

La guerre cognitive ou l’occupation des espaces mentaux et des imaginaires

Je ne reviendrai pas ici sur la filliation Fanon-Said-Nandy. Les thèmes que j’ai évoqué dans mes deux précédents posts et dans celui-ci devraient suffire pour l’instant. En revanche, il me faut m’attarder quelque peu sur nos deux amis Camerounais. Je dois en effet à l’un comme à l’autre une dette intellectuelle que j’assume quotidiennement. C’est à ce lègue et à mes propres options stratégiques que j’aimerais consacrer la fin de ce tryptique. On comprendra alors mieux à la fois le panorama que je dresse des avatars actuels du colonialisme ainsi que les reproches que j’adresse à ce qu’il nous reste encore de panafricanisme (à savoir des miettes). C’est en effet ici qu’il convient d’élargir le cadre restreint de la critique médiatique pour se servir des notions de guerre cognitive et de guerre de l’information comme leviers privilégiés pour les combats en cours et à venir.





Ingmar Bergman (1918-2007)

31 07 2007

There’s nothing in film that I don’t like. Remember Bergman, the man who imagined this game of chess between the hero and Death.





L’ennemi intime (2)

30 07 2007

Le pire cauchemar du colonisateur, d’après Ashis Nandy, c’est la perspective de voir le colonisé se fabriquer un cadre de référence propre, totalement différent de celui de la colonie:

“En présence d’un tel scénario, les colons commencent à vivre dans la peur que leurs sujets ne se mettent à les percevoir comme moralement et culturellement inférieurs et ne leur renvoient bel et bien cette image d’eux-mêmes. Le colonialisme sans mission civilisatrice n’est plus du colonialisme. Il devient un handicap pour le colon beaucoup plus que pour le colonisé.” (pp.51-52)

La crise que traverse la France post-coloniale n’est pas uniquement liée à ses propres problèmes économiques et sociaux, ni à son nouveau statut politique de puissance moyenne. Le statut de grande puissance n’était en effet qu’une conséquence de la capacité à porter un projet de civilisation emportant l’adhésion d’autres peuples, proches ou lointains. De ce point de vue, je ne sous-estime pas l’importance du peu d’écho que le discours du président français à Dakar a reçu sur le continent africain et dans la diaspora. En revanche, je ne suis pas certain que le fait de se focaliser sur l’orateur lui-même conduise à créer un cadre de référence alternatif à celui de la postcolonie Françafricaine. Cela m’a valu une remarque intéressante d’un internaute panafricain, TjenbeRed:

Il ne faut certainement pas rester scotché indéfiniment aux paroles de SARKOZY, prophète de la Rupture.

Cependant, pour nous qui sommes en France ou dont le sort est encore influencé par la France (et c’est malheureusement encore le cas d’une grande partie de l’Afrique francophone), les discours de SARKOZY sur l’Afrique ne peuvent être négligés.

Puisque les médias français ne semblent retenir que l’aspect le plus politiquement correct des disours de SARKOZY, je crois qu’il nous appartenait de relever les incohérences, la propagande, les préjugés et les contre-vérités les plus graves, de façon à pouvoir répondre à ceux qui ne manqueront pas de nous opposer la rupture sarkozienne avec la Françafrique.

On pouvait certes deviner que cette rupture annoncée serait une mascarade. Mais avec le discours de SARKOZY, c’est écrit et on ne pourra pas nous accuser de caricaturer ou de faire un procès d’intention.

Rien n’interdit effectivement de passer à autre chose.

J’ai reçu ce message 5/5 et c’est en référence au forum de Grioo.com sur lequel il a été posté que je dédie ce second volet de mon triptyque sur L’Ennemi intime à hormheb, Chabine, TjenbeRed et les autres Grioonautes…

Darkar: un grand moment de solitude

Dans le premier volet, j’ai fait appel à l’image de la caillera par esprit de jeu, mais également pour mettre en relief un trait particulier du petit prince des médias hexagonaux. Comment m’expliquer? Dakar fut pour Sarkozy un bide, ou si l’on préfère “un grand moment de solitude”. Il n’a pas obtenu de l’auditoire l’effet qu’il avait escompté de son discours. Ce type de solitude est comparable à ce que Nandy appelle “la solitude du colonisateur dans la colonie, forgée selon une théorie de la stratification culturelle et de l’exclusivisme” et qu’il définit dans ces termes:

recherche indéfinie de la virilité et du statut aux yeux du colonisé; perception du peuple colonisé à l’image d’enfants crédules qu’il faut impressionner par un machisme marqué (d’où les exigences en conséquence de l’auditoire, qui ligotaient le colonisateur dans un “jeu” préformaté); refoulement enfin de son moi en faveur d’une identité impériale imposée – inauthentique et d’une pompe assassine.” (p.82)

En faisant cette tournée, le président français savait qu’il se coulait dans un costume trop grand pour lui. Du coup, il s’est appliqué jusqu’au bout et en a rajouté dans le rôle du colon mâle, blanc, adulte, hyperviril, sûr de son bon droit. En un mot, il a voulu – comme on dit à Abidjan – “montrer qu’il est garçon”. Ce faisant, il n’a fait qu’exposer sa faiblesse et celle de son pays. A vouloir plaire tant à sa base électorale droitière qu’aux Africains du continent, il a abouti à des contradictions qui ont créé des tensions jusque dans sa propre équipe, et l’oblige désormais à préparer une autre tournée africaine à la rentrée. Mais même sans cette information, il suffit de lire d’autres sarkologues patentés pour comprendre l’enjeu:

“Nicolas Sarkozy ne semble pas très à l’aise dans ce rôle d’héritier de la Françafrique, mais sans doute se dit-il que c’est le prix à payer pour que la France garde une influence sur le continent africain et pour qu’elle puisse toujours s’appuyer sur quelques dizaines de voix d’états africains quand il faut affronter les Etats-Unis ou la Chine au Conseil de sécurité de l’ONU. Au-delà des grands discours, Nicolas Sarkozy en Afrique, c’est d’abord de la realpolitik.”

Or, les Sénégalais et les autres Africains – du continent ou de la diaspora – ne se sont pas laissés impressionner par sa démonstration de pseudo-machisme, donc de vraie caillera. Ce n’est plus une tournée, mais une tournante: venant à la suite de De Gaulle, Mitterand, et Chirac, le petit prince a bien du mal à tracer son sillon dans l’arrière train de la vieille Françafrique. Il ne fait pas le poids. Mais la fixation qu’il suscite chez certains d’entre nous risque de doper encore plus son illusion de toute-puissance déjà excessive et d’élargir sa surface médiatique de manière incontrôlée. Pour faire comprendre ce point, je me dois d’élargir le cadre de ma réflexion sur la guerre cognitive et de préciser mon point de vue sur les débats auxquels le discours dakarois du petit prince des médias a donné lieu.

Extension des territoires (mentaux) occupés

De quoi s’agit-il en fait? Pour citer à nouveau Ashis Nandy dans L’Ennemi intime, “la question après tout est celle du colonialisme qui survit à la fin des empires”. Et pour traiter de cette question sur ce qu’il reste du colonialisme dans notre culture désormais globalisée, ainsi que des structures psychologiques qui le maintiennent peu ou prou en l’état, Nandy forge des expressions simples mais lourdes de sens: “résistance pyschologique au colonialisme” (p.30), “défenses de l’esprit” (p.31), “aventure morale et cognitive contre l’oppression” (p.33), “bataille des esprits” (p.37), “invasion psychologique” (p.65), “survie du colonialisme dans les esprits” (p.107), etc.

Pour mieux comprendre comment ces expressions prennent place dans l’oeuvre, il faut repartir de sa thèse centrale, selon laquelle “le colonialisme est essentiellement une question de conscience et doit être combattu et défait en dernière instance dans l’esprit des hommes” (p. 107). Cette idée – qui guide tout le livre – se déploie en plusieurs phases, dans une série de mises au point qui sont à la fois des réquisitoires contre l’oppression coloniale et des indications très claires du mode opératoire à adopter pour qui veut se confronter à la bête. Il pose les bases de son analyse dans le chapitre intitulé “psychologie du colonialisme”:

“Cet essai défend l’idée que le trait distinctif du colonialisme est un état d’esprit chez les colonisateurs et les colonisés, une conscience coloniale caressant, entre autres choses, le désir parfois irréalisable de bénéfices économiques et politiques. L’économie politique de la colonisation est certes importante, mais la brutalité et l’inanité du colonialisme s’expriment essentiellement dans la sphère de la psychologie (…). Les pages qui suivent constituent l’exploration des contours psychologiques du colonialisme chez les dominants et les dominés, et visent à définir le colonialisme comme culture partagée, processus qui ne commence pas toujours dès le moment où s’établit la domination étrangère dans une société et ne finit pas toujours avec le départ du pouvoir étranger.” (p.42)

C’est bien la situation dans laquelle nous nous trouvons. Ceci étant posé, Nandy peut tirer les conséquences de son hypothèse:

“Voilà pourquoi le colonialisme semble ne jamais prendre fin avec l’obtention officielle de la liberté politique. En tant qu’état psychique, le colonialisme est un processus indigène relayé par des forces extérieures. Il est profondément enraciné dans l’esprit des dominants et des dominés. Sans doute ce qui commence dans l’esprit humain doit-il aussi finir dans l’esprit humain. (…) Un système colonial se perpétue évidemment en incitant les colonisés, par le biais de récompenses et de punitions psychologiques et économiques, à accepter les nouvelles normes sociales et les nouvelles catégories intellectuelles.” (p.43)

Compte tenu de ce qui précède, le risque pour les résistants à l’ordre établi est de combattre avec des outils qui soient inadaptés au combat, puisque forgés par d’autres. En effet, la violence ultime du colon “consiste à créer une culture dans laquelle les dominés ont constamment la tentation de combattre leurs maîtres dans les limites psychologiques qui leur sont imposées.” (p.43)

Ici nous touchons au point auquel j’ai fait allusion en passant dans mon précédant post: je ne suis pas certain qu’il nous faille absolument et systématiquement “relever les incohérences, la propagande, les préjugés et les contre-vérités les plus graves, de façon à pouvoir répondre à ceux qui ne manqueront pas de nous opposer la rupture sarkozienne avec la Françafrique“. Si certains estiment que le jeu en vaut la chandelle, libre à eux de se livrer à cet exercice. Mais mon propos se situe au niveau stratégique: la plupart des discours de l’adversaire (je pense notamment aux bien-pensants d’Agoravox) ne méritent tout simplement pas qu’on leur réponde. C’est une perte de temps.

L’absence d’une réponse panafricaine appropriée à Dakar, dans l’enceinte même de l’université CAD, démontre de façon exemplaire tout le territoire mental perdu et la nécessité d’une reconquête mûrement réfléchie. Or celle-ci ne se fera pas avec des troupes dispersées et sans vision d’ensemble du combat qui reste à mener. Ce n’est pas le lieu ici de dire ce qu’il convient de faire, mais d’offrir les éléments permettant à chacun de penser la situation réelle. Le message ici est simple: il faut éviter de se disperser et de perdre du temps à faire le coup de poing contre toutes les petites frappes rencontrées sur le web. Si vous êtes obligés de vous aligner sur les positions des autres, vous avez déjà perdu. C’est aussi simple que cela. Il faut savoir peser soigneusement la propagande adverse, pour savoir quand répondre et quand laisser dire.

Dans le dernier volet de ce triptyque, je tenterai de montrer à la fois ce qu’il reste du colonialisme aujourd’hui, et de la manière de le confronter sans se laisser circonscrire à l’intérieur des limites fixées par la culture ambiante. Je procéderai spécifiquement en faisant éclater le cadre restreint de la critique médiatique pour l’élargir à la notion de guerre cognitive et de guerre de l’information.